Le club Silencio dans Mulholland Drive, les loges noire et blanche dans Twin Peaks,le salon des lapins dans Inland Empire, la ville aux allures post-apocalyptiques dans Eraserhead... Tant d’espaces imaginés qui parcourent, dans une inquiétante étrangeté latente, les oeuvres filmiques de David Lynch.
Le réalisateur américain a, depuis son premier film en 1977, joué avec l’espace et le temps, perdant le spectateur dans des mondes étranges et des labyrinthes sinueux ne répondant qu’à leurs propres règles. Ainsi, dans Twin Peaks, crée-t-il un espace en communication directe avec la réalité et dans lequel se jouent pourtant les dessins d’êtres surnaturels, de doubles maléfiques et de démons. Ce lieu alternatif possède sa propre esthétique et ses propres codes : on n’y parle d’ailleurs pas tout à fait la même langue. Dans Mulholland Drive, si nous mettons de côté la théorie visant à démontrer qu’il ne s’agirait que d’un rêve, le personnage de Diane est projeté dans un monde dans lequel tout lui aurait souri et dont l’existence réelle n’est mise à défaut que par d’étranges phénomènes, à peine perceptibles.
Les exemples sont encore nombreux ; il s’agira ici d’explorer l’oeuvre du cinéaste afin de faire un panorama de ces espaces imaginés, d’en extraire et d’en analyser les formes et les significations. Au delà des espaces rêvés et propres au subconscient de ses personnages, David Lynch créé des mondes alternatifs ayant leur propre histoire et leurs propres mythes.